Quelques mots sur l'impro

Mais finalement l'impro, qu'est-ce donc ? En deux mots, c'est du théâtre, mais sans le support du texte : le contenu du spectacle est créé sur l'instant, selon l'inspiration du comédien, les propositions de ses partenaires de jeu, les contraintes éventuelles... Tout l'enjeu est de réussir à créer des histoires captivantes dans ces conditions, et c'est pour cela qu'être improvisateur ne s'improvise pas ! Cela demande beaucoup de travail préalable, sur de nombreux domaines et techniques du théâtre : voix, corps, chant, clown, travail des personnages, etc..., mais aussi mise en scène puisqu'en impro, le comédien doit gérer tous les aspects du spectacle. Et cela avec l'objectif ambitieux de proposer un spectacle passionnant et surprenant à chaque instant, emmenant le public sur le chemin de son imaginaire, avec un plaisir sans cesse renouvelé !

L'impro est une pratique artistique aujourd'hui en pleine expansion, tant du côté des pratiquants que du public. Les raisons de ce succès sont nombreuses, en voici quelques unes :

Qu'on soit spectateur ou comédien, on aime l'impro parce qu'on aime rêver, se mettre en danger sur scène, partager du rire et des émotions, découvrir des univers loufoques, des personnages bizarres, drôles, attachants... on aime trembler devant les défis à relever, s'étonner, rencontrer d'autres passionnés, imaginer, voyager, créer...

L'impro, c'est un vaste terrain d'expérimentation, c'est la possibilité de s'exprimer sur une infinité de modes différents, de créer, de partager avec le public et avec ses partenaires, de donner naissance à un monde et de le voir vivre, puis s'éteindre... Ce sont des rencontres, des découvertes, des défis, des apprentissages... la liberté, la vie !

L'impro à Grenoble

Grenoble est une "ville d'impro" : le match d'improvisation y est apparu dès 1992 avec la troupe professionnelle la LITI. En 2000 et 2001, ce sont les premières associations amateurs qui sont créées (LATIAG et Impropub).

Aujourd'hui de nombreuses troupes pratiquent l'improvisation théâtrale dans l'agglomération grenobloise. Chacune a ses spécificités : certaines sont spécialisées dans les formes "traditionnelles" de jeu que sont le match et ses dérivés, d'autres sont plus tournées vers l'expérimentation et la création de nouveaux concepts. Nous ferons appel pour une soirée de Tête au cube à l'une de ces dernières, Impropub, la plus activement impliquée dans la recherche.

L'improvisation et son histoire

Dès le IIIème siècle avant Jésus-Christ, la comédie romaine propose un théâtre de canevas, prémices de l'improvisation théâtrale...

Des "Mystères", au Moyen-Age, où l'interprétation de scènes de la vie du Christ est libre, à la commedia dell'arte, la pratique théâtrale a toujours été nourrie de l'improvisation.

A la fin du 19ème siècle, celle-ci devient un véritable outil de la création théâtrale : Stanislavski utilise l'improvisation dans le travail des rôles de ses acteurs. En particulier, il montera ainsi La Mouette de Tchekhov. D'autres metteurs en scène sont réputés pour leur utilisation de l'improvisation : Ariane Mnouchkine, Peter Brook...

L'improvisation : tout un art !

Dans les années 1920, en Europe, Jacob Lévy Moreno propose un théâtre de la Spontanéité. Il lance une réelle réflexion outre-atlantique, où il s'installe finalement en 1929 pour créer le théâtre impromptu de Carnegie Hall, à New York. Il monte alors des spectacles très audacieux, mêlant l'improvisation théâtrale à celle d'orchestres classiques.

A Chicago, en même temps, Viola Spolin commence à utiliser des suggestions du public pour nourrir l'improvisation de ses acteurs...

Tout s'emballe dans les années 1950 : création du Compass Theater, inspiré des travaux de Viola Spolin, puis de Second City, à Chicago. L'improvisation prend ses aises !

Les années 1960 sont encore marqués par les travaux de Viola Spolin à New York, et du Théâtre de l'Opprimé d'Augusto Boal, au Brésil.

L'improvisation est devenue une pratique en soi.

Dans le Compass apparait Del Close, qui devient un véritable gourou new age des années 1970... Il propose un format nouveau : le Harold, basé sur de longues impros et l'approfondissement d'une thématique unique.
Pour lui, l'improvisation n'est pas un outil, mais un art.

Les compétitions d'improvisation

En 1977, Robert Gravel crée le match d'Improvisation dans le cadre des travaux du Théâtre Expérimental de Montréal. L'idée initiale est de parodier une discipline sportive (en l'occurrence le hockey) pour briser l'élitisme du théâtre.Au même moment, à quelques centaines de kilomètres, Keith Johnstone imagine depuis Calgary le Theatersport. Il ne parodie aucun sport, mais en invente un nouveau : le sport théâtral.

Les deux formes connaissent un succès planétaire. Le match d'improvisation conquiert les terres francophones, tandis que les anglophones, germanophones et hispanophones préfèrent le Theatersport.

Merci à Et compagnie pour cette présentation de l'impro (3 paragraphes précédents).
Un autre historique de l'impro est consultable en ligne : www.improticket.com. Il est complémentaire et recoupe celui présenté ici.